Partout dans mon travail j’utilise la récolte : que ce soit les journaux, les images, les objets, les plantes pour les transformer et recréer mon univers. Je réinterprète et redonne un sens, j’efface, je biffe, je masque, je crée le doute pour inventer autre chose. C’est là le sens de toute cette recherche. Je suis une chasseuse cueilleuse.
“Au printemps Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierre. A certaines heures, la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre choses que des gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils. L’odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et suffoque dans la chaleur énorme. A peine, au fond du paysage, puis-je voir la masse noire de Chenon qui prend racine dans les collines autour du village, et qui s’ébranle d’un rythme sur et pesant pour aller s’accroupir dans la mer.”
Noce à Tipasa, Albert Camus
Dimensions : 30 x 30